L’Éthiopie a pris une décision historique en janvier 2024 en devenant le premier pays au monde à interdire l’importation de véhicules diesel et essence, pour se tourner massivement vers les véhicules électriques. Cette mesure radicale vise à réduire les sorties de devises liées à l’importation de carburant, à diminuer les émissions polluantes et à promouvoir une filière locale de production de véhicules électriques.
Yizengaw Yitayih, haut fonctionnaire au Ministère des Transports et de la Logistique, explique cette décision dans une interview accordée au journal Le Monde en septembre 2024 : « Il s’agit avant tout d’une stratégie économique. Le décret doit d’abord nous aider à rationaliser nos dépenses en devises étrangères. » En effet, l’Éthiopie a consacré près de 6 milliards de dollars à l’importation de carburant en 2023, une grande partie destinée à l’alimentation des véhicules.
La transition vers l’électrique représente un immense défi pour le pays. À ce jour, l’Éthiopie ne compte qu’une seule borne de recharge publique et la moitié de ses 126 millions d’habitants n’a pas encore accès à l’électricité. Malgré ces obstacles, le processus d’électrification du parc automobile est en accélération.
En soutien à cette initiative, le constructeur automobile chinois Beiqi Foton Motor Co., Ltd. a annoncé en juin 2024 son intention de produire des véhicules électriques en Éthiopie, offrant ainsi une opportunité pour développer une industrie locale. La rencontre entre les dirigeants de l’entreprise et le ministre éthiopien des Transports, Dengue Boru, marque le début d’une collaboration stratégique pour l’avenir de la mobilité électrique en Afrique.
Le gouvernement éthiopien a mis en place des mesures fiscales incitatives, telles que l’exonération des taxes sur l’importation des composants de véhicules électriques, afin de promouvoir ce secteur. Cette politique répond aux enjeux économiques liés à l’augmentation des prix du carburant et aux pressions croissantes liées aux changements climatiques.
Cependant, un défi majeur se profile à l’horizon. L’Éthiopie, qui n’est pas membre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) — une position lui permettant de maintenir cette interdiction des véhicules thermiques —, amorce son processus d’adhésion à l’organisation, prévu pour 2026. L’intégration à l’OMC pourrait obliger le pays à revoir ses barrières douanières et ses politiques commerciales. Ce contexte soulève la question de savoir si l’Éthiopie pourra maintenir cette interdiction en faveur de l’électrique une fois devenue membre de l’OMC.
L’avenir de cette transition audacieuse dépendra donc en partie de l’évolution de la politique commerciale du pays dans ce cadre international.
#Ethiopie #TransitionÉnergétique #VéhiculesÉlectriques #ChangementClimatique #MobilitéDurable #ÉconomieVerte #AfriqueInnovante #BeiqiFoton