Observatoire Numérique des Territoires : Les Technologies de l’Information et de la Communication pour une gestion rationnelle des ressources pastorales

Par CHEIKH AHMET TIDIANE DIOP : Ingénieur en Aménagement du Territoire, Spécialiste en Décentralisation, Gestion des Ressources naturelles et Développement Durable

Moustapha SY
By Moustapha SY
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CHEIKH AHMET TIDIANE DIOP : Ingénieur en Aménagement du Territoire, Spécialiste en Décentralisation, Gestion des Ressources naturelles et Développement Durable

L’élevage représente un sous-secteur essentiel de l’économie nationale en termes de contribution à la constitution du Produit Intérieur Brut (PIB) et de mobilisation des ressources humaines à côté de l’agriculture. C’est une activité séculaire pratiquée au Sénégal en majorité par les Peuls, concentrés pour l’essentiel dans la zone sylvo-pastorale. Il est pratiqué généralement de manière extensive et adossé sur l’exploitation des ressources naturelles et se caractérise par la mobilité des acteurs.

La dégradation des ressources, du fait des changements climatiques, de mauvaises pratiques inhérentes à l’activité d’élevage, a amené les autorités, en rapport avec les organisations d’éleveurs, les collectivités territoriales etc., à proposer une innovation à travers des conventions locales, adossées sur les « Unités pastorales » pour accompagner et encadrer la transhumance.

Le postulat de départ est que le bien-être dans la vie pastorale dépend de la disponibilité en eau et en fourrage. Le déficit de l’un de ces facteurs occasionne le départ soit vers un point d’eau et /ou vers un pâturage. La rareté des pluies dans les régions limitrophes du Ferlo (zone de départ ou de transit) et par conséquent le manque de pâturages, entraîne l’arrivée régulière et massive de transhumants dans cette zone qui présente des opportunités relatives réelles. Cette situation génère souvent des conflits entre les populations autochtones et les nomades notamment en ce qui concerne l’implantation des habitations et la gestion irrationnelle des ressources, facteurs de déséquilibre des écosystèmes.

L’approche participative instituée dans ces zones, pour une gestion concertée et négociée des ressources a permis de mettre en place des plans d’aménagement et de gestion consensuels autour des « Unités pastorales » (UP). Ces dernières sont considérées comme des groupements d’éleveurs résidant dans des établissements humains regroupés autour de même (s) forage (s) (ou point (s) d’eau), unis par une solidarité résultant du voisinage, exploitant les mêmes ressources naturelles et ayant opté pour s’unir librement.

Les acteurs institutionnels appuient ces initiatives avec un paquet de service allant de la sécurisation foncière, la mise en place d’infrastructures structurantes, l’appui à la mise en place de code de conduite consensuel et à l’estimation des capacités de charge (évaluation de la biomasse par image satellitaire, exploitation des carrés de rendement et recensement du cheptel etc.).

Pour garantir une appropriation de l’innovation par l’ensemble des parties prenantes (y compris ceux qui sont hors site des UP) un Système d’information géographique (SIG) sur lequel une masse critique d’informations utiles pour la gestion des ressources naturelles, peut être mis sur pieds avec une mutualisation des ressources y compris celles cognitives.

L’implémentation du SIG au niveau de l’ensemble des maisons communautaires et des radios communautaires des zones de départ, de transite et de destination des transhumants, permet un partage et une large diffusion de l’information sous des formats accessibles à l’ensemble des acteurs territoriaux, porteurs d’enjeux en rapport avec le pastoralisme (Autorités administratives, élus territoriaux, organisations communautaires de base, services techniques et autres partenaires).

La capitalisation et la mise à l’échelle de cette innovation déjà éprouvée dans les régions du Nord du Sénégal par le PRODAM, participent à la réduction des déséquilibres, entre les territoires sur le plan de leur accessibilité et de leur compétitivité.

Elle sera par ailleurs favorable à la consolidation de la cohésion sociale (par la réduction des conflits) et le désenclavement (par l’accès aisé aux différents services à distance si on parvient à mettre l’application générée en ligne), permettant ainsi les communautés agropastorales d’accéder ou de partager l’information utile à, travers leurs autres supports connectés.

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