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LUTTER CONTRE LA POLLUTION PLASTIQUE AU SENEGAL

Économie circulaire et zéro déchet, des alternatives prometteuses

6 Min de lecture

Économie circulaire et zéro déchet, des alternatives prometteuses

Face à la problématique de la pollution plastique, des acteurs comme Taaral et l’Association Zéro Déchet Sénégal proposent des approches concrètes pour instaurer une économie circulaire, tout en renforçant la sensibilisation et le rôle des communautés. Rencontre avec Diadji Niang, CEO de Taaral, et Momar Baby, coordinateur de l’Association Zéro Déchet Sénégal.

Vous êtes CEO de Taaral, une organisation qui conçoit des solutions adaptées au contexte sénégalais pour changer les usages du plastique au quotidien. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos initiatives ?

Diadji Niang :Taaral signifie “embellir” en wolof, et notre objectif est de développer une économie circulaire du plastique. Nous travaillons avec les acteurs privés, publics, et associatifs pour concevoir des solutions liées à la collecte, la réutilisation, et l’éducation pour des comportements écoresponsables. Nous mettons en place plusieurs groupes de travail autour des solutions de l’économie circulaire.

Qu’entend-on par “économie circulaire du plastique” ?

Diadji Niang : L’économie circulaire vise à produire des biens et services de manière durable, en limitant la consommation et le gaspillage des ressources. Elle comprend plusieurs axes : l’exploitation durable, la consommation responsable, l’éco-conception, l’allongement de la durée de vie des produits, et le recyclage.

Quelles solutions avez-vous lancées pour promouvoir cette économie circulaire ?

Diadji Niang : Nous avons d’abord mis en place une initiative pour la collecte séparée des déchets en partenariat avec la SONAGED. Cela inclut une logistique dédiée et le renforcement des communautés pour le tri des déchets. L’idée est de créer un système pilote de collecte séparée pour alimenter les filières de recyclage et développer l’économie circulaire du plastique. Cette initiative sera lancée en novembre.

Nous avons aussi créé un système de bornes de recharge pour les produits d’hygiène et alimentaires. Le but est d’éviter l’usage des microdoses en plastique, qui sont difficiles à recycler. Nous recherchons actuellement des partenaires pour cette initiative.

Enfin, nous soutenons les femmes, notamment les marraines de quartier, en collaboration avec des partenaires comme la Fondation Heinrich Böll et Enabel, pour renforcer leurs capacités et leur permettre de lutter contre la pollution plastique.

Momar Baby, vous êtes le coordinateur de l’Association Zéro Déchet Sénégal, et vous avez lancé le label “Restaurant Zéro Déchet”. En quoi cela consiste ?

Momar Baby : L’Association Zéro Déchet Sénégal, créée en 2018, milite pour une meilleure gestion des déchets et la sensibilisation à la réduction du gaspillage. Nous avons élaboré des outils pédagogiques pour les écoles et des formations pour les populations, les décideurs communautaires, et les organisations.

Le label “Restaurant Zéro Déchet” vise à encourager les établissements à éliminer l’utilisation de certains plastiques, comme les pailles, les bouteilles en plastique et les capsules de café. Aujourd’hui, 65 restaurants sont labellisés, ce qui nous a permis d’éliminer des quantités considérables de plastique. Nous espérons étendre cette initiative à l’échelle nationale, même si cela nécessite des ressources supplémentaires.

Quels sont les principaux défis techniques et réglementaires pour la mise à l’échelle de ces initiatives ?

Diadji Niang : Le premier obstacle est d’ordre juridique. La loi plastique de 2020 n’est pas appliquée dans sa totalité, car certains textes réglementaires manquent pour définir les modalités d’application. Sans ces textes, il est difficile de mettre en place des actions concrètes.

Il y a aussi des blocages techniques et technologiques, notamment les coûts élevés des équipements nécessaires et le manque de ressources humaines qualifiées. La question des données fiables sur les déchets plastiques est un autre défi, car nous avons besoin de statistiques précises pour planifier nos actions.

Momar Baby : Effectivement, les mécanismes de financement restent un problème majeur. Beaucoup d’organisations ont des projets prometteurs, mais manquent de moyens pour les réaliser. Nous plaidons pour la création de fonds dédiés au plastique, comme il existe des fonds verts pour le climat. Cela permettrait aux organisations locales d’accéder à des financements et de déployer des initiatives sur le terrain.

Comment faire de l’économie circulaire un secteur pourvoyeur d’emplois pour la jeunesse sénégalaise ?

Diadji Niang : Il faut commencer par valoriser les métiers liés à la gestion des déchets. Les personnes travaillant dans ce domaine, notamment les récupérateurs, ne sont pas suffisamment reconnues. La SONAGED a fait des progrès dans ce sens, mais il faut aller plus loin en améliorant leurs conditions de travail et en offrant des perspectives de carrière.

Momar Baby : Les récupérateurs font un travail immense. Leur activité crée de la valeur et contribue à l’économie circulaire des déchets. Il y a une énorme opportunité dans la conception et la fabrication de produits alternatifs au plastique. Si nous exploitons ce potentiel, nous pourrons non seulement réduire le chômage, mais aussi freiner le phénomène de l’immigration clandestine.

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