Pouvez-vous vous présenter ?
Je me nomme Babacar SYLLA. Je suis le point focal de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) sur l’environnement et le changement climatique.
Quel est votre rôle en tant que point focal de la CNTS sur les changements climatiques ?
Sous la supervision du camarade Secrétaire Général de la CNTS, Monsieur Mody Guiro, je suis chargé de conduire la politique et les stratégies de la confédération en matière de climat et de transition juste. Je représente la CNTS dans les instances et les activités où cette thématique est traitée. Vu l’importance et les enjeux de la question, le camarade Secrétaire Général a pensé utile d’adjoindre d’autres camarades aux réflexions et travaux que nous accomplissions. Aujourd’hui, nous travaillons en équipe dans la plus grande harmonisation. Au niveau international, l’apport et l’engagement de la CNTS sur la thématique est bien reconnue car depuis 2016, on assiste sans discontinuité aux conférences des Nations Unies sur le Climat (COP) où nous portons la voix des travailleurs à cette haute tribune.
Comment expliquez-vous l’intérêt que les syndicats accordent aux questions environnementales notamment les changements climatiques ?
C’est justement parce que les organisations syndicales se sont rendues compte que la justice sociale qui est la visée principale de l’action syndicale est dorénavant mise à rude épreuve par les injustices climatiques. Autrement dit, les changements climatiques demeurent un démultiplicateur d’inégalités sociales. Dès lors, les syndicats ne peuvent pas restés insensibles à cette crise écologique qui continue d’affecter à la fois le monde du travail en fragilisant la santé, la sécurité et les revenus des travailleurs notamment les plus pauvres et ceux de l’économie informelle.
Quelle est la politique de la CNTS en matière de changements climatiques ?
C’est d’abord des efforts d’informations et de formation de ses militants pour une mise à niveau afin que tous appréhendent les enjeux environnementaux auxquels les travailleurs sont confrontés. Pour nous, c’est essentiel ; car la confédération est un ensemble d’organisations professionnelles avec des responsables dans des secteurs à la fois vulnérables aux changements climatiques (agriculture, pêche, tourisme, économie informelle, etc.) et à haute intensité carbone (énergie, bâtiments et travaux publics, secteurs extractifs, transport, etc.).
Le deuxième niveau de cette politique qui reste en réalité un défi est de parvenir à influencer par des plaidoiries et des contributions actives aux cadres qui nous sont ouverts les politiques climatiques. Nous pensons que ces politiques doivent être concertées car la transition vers le modèle bas carbone doit être guidée par le dialogue social afin qu’aucune composante ne soit laissée en rade. C’est ce que nous appelons la transition juste.
Qu’entendez-vous par transition juste ?
Il faut d’abord rappeler que ce principe reconnu par l’accord de Paris dans son préambule a été la demande majeure des organisations syndicales dans tout le processus. La transition juste implique la dimension sociale que les mesures et politiques climatiques doivent prendre en compte. Elle renvoie également à la notion de développement durable qui repose sur le triptyque : l’environnement, le social et l’économie. Si nous savons que l’action climatique appelle à des transformations de modèles de production et de consommation dans beaucoup de secteurs d’activités. Les syndicats réclament des alternatives pour les travailleurs qui seront impactés par ces mesures. Il serait injuste que des acquis sociaux soient sacrifiés sous l’autel de mesures écologiques.
Est-ce que les militants sont assez sensibilisés sur les questions liées aux changements climatiques et de transition juste ?
Je pense que beaucoup d’efforts sont en train d’être déployés pour renforcer cette sensibilisation même s’il faut avouer que tous les secteurs cibles ne sont pas encore touchés.
La CNTS est-elle associée à la définition de la politique environnementale du Sénégal ?
Pas tout à fait ! Aujourd’hui, la politique environnementale du Sénégal devrait s’adosser à sa contribution déterminée au niveau national (CDN). Or, la CNTS bien que membre du Comité National sur le Changement Climatique (COMNACC), n’a pas été associée à l’élaboration de ce document. Cependant, on continue de formuler des recommandations et on espère que la révision de la Contribution déterminée au niveau national du Sénégal (CDN) qui devra se faire bientôt, prendra en compte les préoccupations du monde syndical et que sa mise en œuvre se fera dans la plus grande inclusion.