Walimata Seck, co-fondatrice et secrétaire générale de Recyclor, revient sur l’initiative de la première Zone Écologique Communautaire (ZEC) à Rufisque Est. Ce projet pilote de collecte et de valorisation des déchets est en passe d’être étendu à d’autres localités, avec pour ambition de générer des revenus pour les communautés tout en contribuant à la protection de l’environnement.
Vous êtes co-fondatrice et secrétaire générale de Recyclor. Recyclor est une association créée en 2021 à Rufisque Est, où vous avez accompagné la création de la première Zone Écologique Communautaire (ZEC) de ramassage et traitement des déchets. Racontez-nous comment cela s’est passé ? Pourquoi cette initiative ?
Merci. Avec la politique nationale de l’État incitant à un Sénégal zéro déchet, l’idée nous est venue de créer une zone écologique communautaire. Nous avons remarqué que beaucoup d’acteurs effectuaient des opérations de nettoyage, mais celles-ci n’étaient pas efficaces sur la durée, car les déchets continuaient de s’accumuler. Nous avons donc réfléchi à un modèle plus durable : la ZEC. Il s’agit d’un centre de réception des déchets valorisables, mais également d’un centre de formation aux métiers verts, tels que le micro-jardinage, où nous renforçons les capacités des communautés à connaître et à caractériser les déchets.
Organisez-vous le ramassage des déchets de manière quotidienne ? Comment cela se passe-t-il ? Quels types de déchets collectez-vous et en quelle quantité ?
Pour mener à bien nos activités, nous avons mis en place une stratégie de communication axée sur des visites à domicile pour sensibiliser les communautés à adopter de nouvelles attitudes vis-à-vis des déchets. Nous avons identifié environ 250 ménages qui ont adhéré au concept “1 ménage, 1 poubelle”. Ces ménages bénéficient d’un service de collecte et de sensibilisation pour les déchets plastiques, métalliques et organiques. La collecte a lieu une à deux fois par mois, en fonction des événements. En moyenne, nous collectons entre 1,5 et 2 tonnes de déchets valorisables par mois. Nous collaborons ensuite avec des partenaires spécialisés dans la valorisation des déchets qui viennent les récupérer à la ZEC. Les revenus générés sont ensuite redistribués aux membres de la ZEC. Notre projet cible principalement les femmes, impliquées dans deux programmes : le programme “Tontine autour de l’Économie Circulaire” (TEC) et le programme “Calebasse de l’Économie Circulaire”, qui a permis d’octroyer une somme de 1 000 000 FCFA aux femmes pour soutenir leurs activités génératrices de revenus.
Combien d’emplois sont générés grâce à cette activité ?
Cette activité génère actuellement 8 emplois, grâce à notre partenariat avec la municipalité de Rufisque Est, qui a affecté du personnel à la ZEC pour organiser les activités de collecte et de gestion des déchets. L’ancrage institutionnel nous a permis d’acquérir des espaces et du personnel pour mener ces activités. Nous accueillons également des bénévoles, des volontaires et des stagiaires pour renforcer leurs capacités et suivre des formations.
Ce projet a-t-il vocation à être reproduit dans d’autres communes de Rufisque ?
Nous sommes actuellement dans la phase de réplicabilité du modèle. Après le succès de la première ZEC à Rufisque Est, nous prévoyons d’installer cinq autres ZEC en partenariat avec d’autres collectivités, notamment à Bargny et à Mbao. Un centre d’incubation des métiers verts est également prévu.