Dakar, le 5 novembre 2024 — Chaque jour, “neuf personnes meurent dans les mers qui nous entourent”. Cette observation poignante du représentant du gouvernement catalan en Afrique de l’Ouest, Xavier Calderón, a mis en lumière les défis urgents de la migration. Selon lui, ce sujet crucial reste “une question qui dérange”, abordée lors d’une conférence tenue par le département d’Histoire et de Géographie de la Fastef et la délégation de Catalogne en Afrique de l’Ouest, sur le thème : ” Enjeux et défis de la gouvernance des migrations sénégalaises, africaines et internationales”.
La conférence a réuni universitaires, étudiants et membres de la société civile pour débattre de cette problématique complexe. Calderón a cité l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui défend le droit de chaque individu de circuler librement et de choisir sa résidence. Cependant, il a énoncé les restrictions croissantes qui font de la migration un « sujet criminel », conduisant, selon lui, à des pertes humaines tragiques en mer.
Le professeur Abdou Fall, spécialiste de la migration à l’IFAN-Lartes, a apporté un éclairage sur les idées reçues. “L’Afrique est souvent diabolisée dans les discours sur la migration”, a-t-il affirmé, rappelant que seulement 9 % des migrations africaines sont dirigées vers l’Europe, le reste se concentrant dans les régions africaines. Dans son exposé, le Pr. Fall a également souligné que malgré les ressources naturelles abondantes, le chômage reste endémique au Sénégal, poussant ainsi les jeunes vers l’extérieur.
La migration, cependant, ne se réduit pas à des chiffres ou à des difficultés, at-il insisté : elle enrichit le monde grâce au brassage culturel et au transfert de compétences, contribuant à une hybridation positive mondiale.
Intervenant à son tour, Ababacar Thiakh, représentant de la diaspora sénégalaise en Catalogne, a témoigné de l’harmonie qui règne entre les Sénégalais et la population locale en Catalogne depuis plus de cinquante ans. Thiakh a plaidé pour une “coopération réfléchie” entre les pays d’origine et d’accueil afin de construire une gouvernance migratoire équilibrée et juste.
Cette conférence a rappelé que la migration, loin d’être une question taboue, mérite une attention humanitaire et stratégique pour en tirer des bénéfices partagés.
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