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Entretien avec Mbaye Hadj, ingénieur, écrivain et lauréat du Prix MILA 2024 : « Une Afrique unie, clé de la résilience face aux défis climatiques »

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Mbaye Hadj, ingénieur, écrivain et lauréat du Prix MILA 2024

Lauréat du prestigieux Prix MILA 2024 pour son essai “Changement climatique, la lourde menace sur l’Afrique”, Mbaye Hadji, ingénieur, consultant en énergies renouvelables et écrivain, plaide pour une Afrique unie et résolument engagée face aux défis climatiques. Dans cet entretien, il expose ses réflexions, ses solutions et ses aspirations pour le continent

Entretien réalisé par Ibn Ahmad

Félicitations pour le Prix prestigieux MILA 2024 que vous avez remporté ! Pouvez-vous nous parler de ce que ce Prix MILA représente pour vous, à titre personnel et en tant qu’écrivain sénégalais ?

Le MILA est une compétition internationale de très haut niveau, où être sélectionné constitue déjà une prouesse. Décrocher le trophée est vraiment magique et représente un honneur pour le Sénégal. C’est d’autant plus marquant que c’est la toute première fois que mon pays remporte ce prix pour le livre francophone.

Votre essai “Changement climatique, la lourde menace sur l’Afrique” a captivé le jury. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ce sujet si crucial pour notre continent ?


Écrire a été pour moi un refuge stimulant durant une épreuve personnelle. En tant qu’ingénieur en génie électrique, j’ai toujours été conscient des liens complexes et cruciaux entre environnement et énergie pour un développement durable. Quand l’occasion de produire un ouvrage s’est présentée, aborder ce sujet m’a semblé une évidence.

Vous proposez des solutions pour lutter contre les impacts du changement climatique en Afrique. Pouvez-vous en partager quelques-unes ?


Lutter contre le changement climatique est une tâche complexe pour nos pays. Il faut évaluer les risques dans les secteurs impactés et agir par anticipation. Par exemple, dans l’agriculture, des organismes comme l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) jouent un rôle clé en renforçant la résilience des systèmes agroalimentaires.

Face aux crues et à l’avancée de la mer, il est impératif de s’éloigner des zones inondables et de revoir nos matériaux et normes de construction pour mieux gérer les températures croissantes. L’utilisation sobre et efficace de l’eau est également cruciale, car sa raréfaction pourrait devenir source de conflits.

Comment concilier, selon vous, le développement économique de l’Afrique avec les impératifs de protection environnementale ?

L’Afrique ne contribue qu’à 3 % des émissions mondiales, mais elle en subit pleinement les impacts. Les énergies renouvelables (ENR) doivent être privilégiées, mais cela ne signifie pas exclure totalement les énergies fossiles bas carbone, comme le gaz, pour assurer notre transition. Par exemple, tripler la production électrique avec du gaz en Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud n’aurait qu’un impact négligeable sur l’environnement tout en stimulant considérablement l’économie.

Quels publics espérez-vous toucher avec votre ouvrage, et quel message clé aimeriez-vous qu’ils en retiennent ?

Le livre s’adresse à deux publics : d’une part, ceux qui souhaitent comprendre le changement climatique grâce à un langage accessible et des illustrations parlantes, et d’autre part, les décideurs africains. Je veux qu’ils saisissent les enjeux climatiques et énergétiques pour faire les bons choix, tout en adoptant une posture unie lors des COP.

La COP 29 a récemment été marquée par un accord sur un objectif financier annuel de 300 milliards de dollars. Quelle est votre opinion sur cet accord ?

Cette COP, surnommée « COP de la finance », a suscité beaucoup de frustrations. Les pays les moins avancés réclamaient 1 400 milliards, et nous obtenons 300 milliards sans savoir s’il s’agit de dons ou de prêts qui pourraient encore nous appauvrir. Il est triste de voir l’Afrique se focaliser sur des financements hypothétiques, oubliant les véritables enjeux : adaptation, développement et résilience.

Pensez-vous que les résultats des COP répondent aux attentes des pays africains ?

Clairement, non. Les COP donnent l’illusion d’une action alors que les urgences climatiques restent négligées. L’Afrique doit prendre ses responsabilités et arrêter de dépendre des engagements vagues de la communauté internationale.

Un dernier mot pour encourager les Africains à agir face au changement climatique ?

L’Afrique doit s’unir, se mobiliser et prendre son destin en main. La dépendance envers l’extérieur n’est pas une solution durable.

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