Mamadou Fall Malcom, président de l’association “Mbeubeuss Dafa Doy” pour la protection de l’environnement et des consommateurs, alerte sur la situation alarmante de la décharge de Mbeubeuss. Entre impacts sanitaires, écologiques et sociaux, il dresse un tableau sombre des conséquences de cette bombe écologique pour les populations riveraines et appelle à des mesures urgentes.
Entretien réalisé par Ibn Ahmad
Quels sont les principaux impacts de la décharge de Mbeubeuss sur la santé des populations riveraines ?
Mbeubeuss est devenu une véritable bombe écologique et sanitaire. Les odeurs et les fumées toxiques qui s’évaporent dans l’air provoquent des maladies graves. Parmi les pathologies les plus fréquentes, on recense l’asthme, les maladies respiratoires pulmonaires, les dermatoses, la malnutrition, la dépression et même des malformations.
Des études ont révélé que le site est contaminé par des éléments toxiques tels que le plomb, le zinc, le chrome et le fer. Ces substances se retrouvent dans la chaîne alimentaire à travers les légumes cultivés à proximité, ce qui aggrave la contamination des populations locales.
La fréquentation de la décharge par des mineurs est souvent dénoncée. Que pouvez-vous nous en dire ?
Effectivement, des enfants, y compris des talibés et des élèves qui désertent l’école, fréquentent régulièrement la décharge. Certains accompagnent leurs parents, d’autres sont livrés à eux-mêmes. Les jeunes filles, pour leur part, se retrouvent souvent exposées à des dangers encore plus graves, y compris la prostitution. Chaque année, la foudre ou les incendies tragiques emportent la vie de ces enfants, dont certains corps sont retrouvés calcinés.
Quels sont les risques environnementaux associés à Mbeubeuss ?
Les fuites de lixiviats, chargées en polluants et substances toxiques, contaminent l’environnement. Ces substances mettent en péril les végétaux, les animaux, et, au sommet de la chaîne alimentaire, les êtres humains. La décomposition des biodéchets libère également du biogaz, principalement du méthane, qui aggrave la pollution de l’air. Par ailleurs, la proximité de la décharge avec les habitations accentue les effets négatifs sur les populations, particulièrement vulnérables aux différents types de pollution.
Quelles sont les pathologies les plus fréquentes recensées parmi les populations riveraines ?
Les affections respiratoires touchent 14 % de la population, les parasites intestinaux 10,1 %, les dermatoses 9,4 %, et les problèmes bucco-dentaires 10,5 %. En outre, 35 % des femmes âgées de 15 ans et plus présentent des problèmes gynécologiques. Ces chiffres sont alarmants et reflètent l’ampleur de l’impact de cette décharge sur la santé publique.
Quelles solutions préconisez-vous pour faire face à cette situation ?
Il est impératif de mettre en place des mesures d’urgence. La réhabilitation du site ou sa délocalisation est une priorité. Les populations ne peuvent plus continuer à vivre dans ces conditions, avec une décharge qui met leur santé et leur avenir en péril. Cela passe par une prise de conscience collective et des actions fermes des autorités compétentes pour protéger les habitants et l’environnement.
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