En marge de la COP 29 à Bakou, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Pr Daouda Ngom, revient sur les avancées, les défis et les perspectives pour le Sénégal dans les négociations climatiques mondiales. S’il se félicite des progrès réalisés, il pointe des insuffisances, notamment sur les questions de financement et de justice climatique.
Bakou, 18 novembre 2024 – Tête de file de la délégation sénégalaise à la COP 29, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Pr Daouda Ngom, dresse un bilan contrasté mais globalement satisfaisant de la participation du Sénégal. Si des avancées notables ont été enregistrées, notamment sur les échanges bilatéraux et les partenariats stratégiques, le ministre n’a pas caché sa déception quant aux résultats des négociations sur le financement climatique.
Des attentes financières en demi-teinte
Le principal enjeu de la COP 29 était l’adoption d’un nouvel objectif financier pour soutenir les pays en développement dans leur lutte contre le changement climatique. « Ce qui est proposé, soit 300 milliards de FCFA par an, reste insuffisant au regard des besoins nationaux », a déclaré Pr Ngom. Malgré cette augmentation par rapport aux 100 milliards de FCFA précédents, il considère que les engagements des pays développés sont en deçà des attentes des nations du Sud.
Un plaidoyer pour une justice climatique
Le ministre a insisté sur la nécessité d’une approche équitable dans le marché carbone. « L’Afrique est injustement marginalisée avec des prix du carbone bien inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Nous demandons un prix plancher mondial pour refléter la valeur réelle de nos forêts et écosystèmes », a-t-il souligné. L’Afrique, forte de ses vastes forêts tropicales, milite pour que ces ressources naturelles soient davantage valorisées à travers les crédits carbones.
Des échanges fructueux et une délégation active
Pr Ngom a également salué les opportunités offertes par la COP 29 pour renforcer les relations bilatérales et discuter de dossiers prioritaires avec des partenaires africains. « Nous avons abordé des questions clés comme la gestion de la Falémé avec le Mali ou celle de la vallée du fleuve Sénégal avec la Gambie et la Mauritanie », a-t-il confié.
Sur le plan des fonds climatiques, le Sénégal se positionne comme un leader en Afrique. Avec deux entités accréditées au Fonds vert pour le climat, le Centre de suivi écologique et la Banque agricole, le pays ambitionne d’élargir cette base en intégrant d’autres structures comme le FONSIS et le FONGIP.
Vers une meilleure adaptation climatique
Le ministre a également évoqué les divergences sur les stratégies d’adaptation. Le Sénégal plaide pour une adaptation incrémentale – consistant à construire des infrastructures comme des digues pour réduire les impacts climatiques – plutôt que pour une adaptation transformationnelle qui impliquerait des changements drastiques tels que la relocalisation des populations.
Des défis persistants, mais une participation réussie
Malgré les désaccords persistants sur l’article 6 relatif aux crédits carbone et les fonds pertes et dommages, Pr Ngom se dit optimiste quant à l’opérationnalisation rapide de ce dernier. Il a salué l’enthousiasme et l’implication de la délégation sénégalaise, qui a su faire entendre sa voix sur toutes les thématiques, de l’adaptation à la finance climatique en passant par la justice climatique et le genre.
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